SPECTACLE – Interview de Julian Erskine, producteur exécutif de Riverdance - Riverdance

SPECTACLE – Interview de Julian Erskine, producteur exécutif de Riverdance

ÉCRIT PAR SOPHIE VALETTE

www.lepetitjournal.com/Dublin

Succès planétaire, Riverdance est actuellement à l’affiche du Gaiety Theatre à Dublin, et ce jusqu’au 28 août. Julian Erskine, producteur exécutif de la troupe, nous fait découvrir les coulisses de ce spectacle hors du commun.

Le spectacle Riverdance a fêté ses 15 ans cette année. Pouvez-vous me retracer son histoire ?
Julian Erskine Suite à sa victoire à l’Eurovision en 1993, l’Irlande accueille le célèbre concours de la chanson l’année suivante à Dublin. Les producteurs du show télévisé, dont Moya Doherty, sont chargés de créer un spectacle de sept minutes pendant l’entracte. Moya Doherty décide de mettre en scène les danses irlandaises et invite un compositeur irlandais, Bill Whelan et deux danseurs américains, Michael Flatley et Jean Butler. Suite à l’énorme succès remporté par l’interlude de l’Eurovision, les producteurs décident de monter un spectacle. C’est à ce moment que j’ai rejoint la troupe, à l’été 1994. J’avais une formation de théâtre et l’équipe de télévision avait besoin de recevoir des conseils d’un professionnel. La première représentation a eu lieu le 9 février 1995. Au départ, nous avions seulement prévu de nous produire pendant quatre semaines à Dublin. Le succès a été tel que nous avons choisi de continuer, à Londres, en Amérique, en Europe…

Comment le spectacle a-t-il évolué depuis 1995 ?
Nous avons modifié les chants et la musique les cinq premières années. Nous avons fait plusieurs essais, mais depuis dix ans, le spectacle reste sensiblement le même.

Comment pouvez-vous expliquer un tel succès ?
Je pense que ce qui fait la popularité de Riverdance, c’est la musique. Elle repose sur les sons des percussions et des tambours, complétée par ceux émis par les jeux de jambes et de pieds des danseurs. Dans le monde entier, le facteur commun de la musique vient du rythme produit par ces instruments. Quand on pense aux marches de guerre, aux fanfares… Cette musique déclenche un véritable engouement auprès du public.

Comment dirigez-vous Riverdance ?
Nous avons un bureau de six personnes à Dublin et nous nous occupons de Riverdance partout dans le monde. Nous avons trois troupes de danseurs qui portent le nom d’une rivière irlandaise : The Boyne, The Foyle et The Avoca ; avec plus de 50 personnes dans chacune, pour lesquelles il faut réserver les hôtels, les avions, les bus etc… C’est vraiment fou !

Comment recrutez-vous vos danseurs ? Quelles sont les conditions préalables ?
Lors des auditions, nous visons l’excellence. On devient danseur en faisant des concours et en gagnant des prix. La danse irlandaise est enseignée partout dans le monde : autant à Dublin qu’en Australie, en Alaska ou à New York. Dans ces écoles, le style est exactement le même. C’est d’ailleurs parce que ces élèves apprennent la même chose que l’on peut recruter au niveau international. Et puis, nous avons ajouté des passages de flamenco et des claquettes afro-américaines dans le spectacle. La moitié de nos danseurs sont Irlandais.

Quelle est la durée de la carrière d’un danseur ? Quel âge ont-ils ?
Les danseurs sont très jeunes car la danse irlandaise demande beaucoup d’endurance. La moyenne d’âge est située aux alentours de 20 ans. Ils restent souvent trois à quatre ans chez nous. Beaucoup d’entre eux viennent après le lycée et avant l’université. D’ordinaire, ils arrêtent leur carrière vers 25 ans. Ils profitent de cette expérience pour gagner de l’argent et voyager à travers le monde avant d’entreprendre des études supérieures.

Le renouvellement de la troupe est alors assez fréquent… Ce n’est pas difficile à gérer ?
Avant Riverdance, il n’y avait pas de spectacle de ce type. Nous avions des difficultés à trouver des danseurs. Les enfants commençaient à danser très tôt, à trois/quatre ans, participaient à des concours et arrêtaient de danser après 18 ans. Du coup, dans nos premiers recrutements, les couples de danseurs étaient vraiment très jeunes. Riverdance a permis aux danseurs de vivre de leur passion là où auparavant il n’y avait aucun débouché. Auparavant, la danse irlandaise était considérée comme ringarde et traditionnelle. Au mieux pour divertir les touristes. Riverdance a rendu cette danse ” sexy “. Les tournées mondiales du show ont vraiment exporté cette danse, jusqu’à Tokyo. Séduits, les Japonais ont acheté le DVD et ont appris les pas. Ils sont ensuite venus en Irlande poursuivre leur apprentissage à l’université de Limerick, ont passé quelques années à Riverdance et sont retournés à Tokyo pour ouvrir une école où ils remportent un véritable succès. Il y a maintenant des Japonais qui enseignent la danse irlandaise à des Japonais ! Il s’est passé la même chose à Mexico, à Budapest ou encore en Israël !

Quels sont les relations au sein de la troupe ?
Nous avons recensé de nombreux mariages de danseurs qui se sont rencontrés au sein de Riverdance ! Et des “bébés Riverdance”! Quand nous sommes en tournée, nous vivons et travaillons ensemble. Cela peut être difficile mais généralement, cela se passe bien parce que le show a du succès, parce que le public adore le spectacle. Quand le public se lève et applaudi, nos artistes rentrent à la maison satisfaits parce qu’ils ont pu rendre les gens heureux.

Comment travaillez-vous avec les danseurs ? Y a-t-il beaucoup de répétitions ?
Ça dépend. En tournée, on ne répète pas trop car le spectacle en lui-même est déjà très éprouvant. Nous avons par exemple huit représentations par semaine, dont deux le samedi et le dimanche en Amérique.

Et l’avenir de Riverdance…
Nous avons programmé des tournées jusqu’en 2012, mais nous espérons pouvoir fêter nos 20 ans !

Sophie Valette (www.lepetitjournal.com/Dublin) Jeudi 26 août 2010

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